C’est ça qui se passe

Par quoi commencer …

juste laisser aller les doigts sur le clavier.

Les mots se bousculent en fait, ça fait quelques jours que les textes s’écrivent dans ma tête mais je ne prends pas le temps de m’asseoir. J’ai peur en fait. Peur que ça pète en-dedans. Peur que ça éclate. Que le barrage cède. Il faudra bien un jour que ça arrive de toute façon.

Il s’est passé tellement de chose dans les 13 dernières semaines.

Ben oui, je compte les semaines depuis le début du confinement en espérant que ça s’arrête. En fait, mon intention ici est de vous parler du déconfinement, de mon inconfort avec où on est rendu en ce 13 juin 2020. Mais pour ça faut que je te raconte comment ça c’est passé ici, chez-nous, le confinement. C’est clair que si tu me suis un brin sur les réseaux sociaux, t’as une vague idée, mais réellement on ne sait jamais ce qui se passe pour vrai chez quelqu’un tant qu’on ne demande pas et que l’autre ne s’ouvre pas totalement. Et hier, j’ai eu un flash : « Partage ce que tu vis, tu n’es pas seule ». Facke, c’est ce que j’essaie de faire ce matin, mettre en place mes pensées, mes idées, mes émotions des 13 dernières semaines. Vas te faire un café, ça sera peut-être long.

Tout ça a commencé par une claque en pleine face le 11 mars au soir en terminant ma classe de danse afro-contemporaine pour adultes. On avait sué, eu du gros fun avec mes 2 percussionnistes et ma gang de 25 femmes collées-serrées, honnêtement les mercredis soirs c’est trop hot … c’était trop hot… Bref, une des filles dit en partant : J’sais ben pas si on va se voir la semaine prochaine? » et moi de répondre naïvement : « Pourquoi pas? Y’a une classe à l’horaire» … silence … Elle : « Le virus » Moi : « Quel Virus? ». Silence.

Voilà. Je venais d’apprendre qu’il y avait un virus. Le jeudi, le lendemain, j’ai fait l’erreur de passer la journée, littéralement la journée complète à tout lire, tout écouter sur le sujet, à m’abrutir devant mon ordi. J’étais terrorisée, foudroyée dans ma minuscule cuisine. J’ai parlé à mon chum … ça allait mieux.

Le vendredi matin, 8h30 dans ma boîte courriel ça défile : «  Annulation » et ça entre, et ça entre. En une heure, mon printemps au complet, anéanti. Je comprends rien. Je suis en tabarnak. Je braille.

Le samedi, on se rend ma copine et moi à notre atelier de confection de tambour… ce sera le dernier road trip, avant un bout. Le soir même, je déprime, je pleure, tout s’annule. Je perds pied. Qu’est-ce que je fais de mes 20 classes par semaine, de mes 200 élèves ?! Le dimanche matin, Fairouz et Ody me donne un coaching live de comment utiliser zoom à sa pleine puissance pour y transférer mes classes en ligne. L’après-midi même, je questionne mon groupe privé (Studio Frida que je gère depuis maintenant 2 ans) je leur propose de tout transférer en ligne, les ¾ acceptent avec joie. Le lundi 16 mars, à 16h, je lance la machine : le Studio Frida Virtuel prend vie. Et ce fut ainsi (avec beaucoup d’heures de travail) pendant 12 semaines non stop.

De cette décision, de ce choix aura découlé 4 nouveaux contrats, dont la rédaction d’un article. La reprise de 3 contrats, en ayant été pro-active et en ayant proposé des options différentes et novatrices, en créant ce qui n’existait pas. J’ai à travers ça mis un temps fou à la création et l’animation de Danse la vie/Reste chez-toi. Nous avons rendu le groupe facebook à JOUR 80, avec 4500 membres. La page est tournée.

Toutes ses actions, ses connections m’ont aidé à passer la tempête. Mon chum est resté au Vermont, les frontières ont fermé après les portes de son école. À l’heure actuelle, on a peu d’espoir que les frontières terrestres ouvrent pour le 21 juin. C’est usant. C’est drainant. Une relation à distance ça demande énormément de temps, d’énergie, d’investissement, de présence, de patience, de calme, de communication, d’amour véritable. Mon amoureux est l’anti-thèse de moi. Ça nous sauve. Mais on est fatigué. Et on se sent brimé dans notre liberté. On s’entend y’a pire. Mais c’est notre fin de monde à nous et c’est mon blogue alors, je parle de ma réalité pour inspirer et soulager. On ne se le cachera pas, parfois de connaître l’histoire des autres ça nous aide à développer notre compassion.

J’ai assez de mes 5 doigts de la main droite pour compter le nombre d’amies qui ont vécu seule le confinement. Ça joue dans la tête être seule physiquement. C’est intense ce qu’on a vécu. Et c’est pas fini. Se mettre dans le modèle du monde de l’autre ça demande de l’énergie, de la résilience, de l’ouverture, de la maturité, de la volonté … pis ça ben c’est pas tout le monde qui en a la capacité. Si t’as un coloc, un chum, ta s?ur, tes parents, ton enfant … t’es déjà pas dans la même catégorie que ce que j’ai vécu. T’es seule, ton chum ou ta blonde est outre-mer ou aux États, ta mère (ou ton parent) habite en résidence (avec un handicap physique et l’Alzheimer) … bon, tu comprends mieux ma réalité, ma solitude maintenant. On s’entend que je suis connectée plus que la moyenne des humains « dits normaux » et que si je sors prendre une marche dans mon quartier, je ne passe pas inaperçu. C’est ma job, c’est mon métier et j’aime ça … mais c’est tought pareil ce qu’on vit.

Facke, parles-en.

Ta réalité compte.

J’avais espoir … je doute beaucoup plus.

Revenir à la vie d’avant … j’y crois pas. J’aimerais ça qu’on fasse pause et rewind comme dans le temps avec nos VHS… et que ce soit un mauvais rêve, un scénario de film et qu’on entende ce soir : « COUPEZ! » …

Pendant ces 13 semaines, j’ai travaillé beaucoup, énormément, à la folie. Par choix, par survià tous les niveaux et aspects de ma vie. Mais ce que je retiens de tout ça, c’est que personne ne peut savoir ce que tu vis si tu ne l’exprimes pas. Personne de va connaître tes limites si tu ne les nommes pas. Personne ne va décider pour toi. Tu as le choix. J’ai fait le choix de vivre, de créer, de me connecter à mon intuition, de me connecter à une autre réalité pour voir le beau et partager le vrai. Maintenant, je me donne le temps pour reprendre contact avec les humains, en vrai, en personne comme on dit.

Moi qui était une bête de foule, une bibite kinesthésique à câlins. Je dois me réhabiliter. Accepter que je ne peux pas avoir accès à cette communication physique. Que je ne veux aucun câlin avant de me déposer dans les bras de mon homme. Ça fait moins mal sur écran que d’y être confronté en vrai. Protection. Je me choisis. Je ralentis. Je m’écoute.

Je te souhaite un bon déconfinement et ne le prends pas mal si je refuse ton invitation ou si je ne vais pas enseigner dans le parc cet été, je ne suis pas prête encore à te retrouver physiquement.

Je dois me retrouver d’abord et jouer dehors pour moi.

Comme dirait mon amie « Effets co-latéraux obligent ».

Je vais m’en sortir plus forte, plus libre, plus grande de quelques pouces.

En attendant, je vais méditer. Encore.

#toutestimpermanent