Sauver le monde pourquoi ? Et pourquoi pas … ensemble ?!

Ce soir, je me suis replongée dans mon «pourquoi?» Pourquoi j’ai décidé il y a bien longtemps de participer à des projets de solidarité internationale et de partir à l’étranger… «De payer pour aller aider ailleurs.» J’ai relu, j’avais oublié… « C’est à l’âge de 14 ans que l’idée de missionnaire qui sauve le monde m’est apparu … » Dans mes souvenirs c’était bien avant ça mais bon … C’était pas dans les descriptions de choix de cours chez l’orienteur à l’époque, j’ai donc changé d’idée. Quoique …

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« La plus belle expérience de toute ma vie». Ce sont mes mots, écris dans un article très humblement où je raconte ma première expérience au Nicaragua avec Amistad, le départ était le 22 mai 1995. Je me relis et je me dis « Hé boboye… la rigidité toi! » J’ai toujours eu horreur d’être dans un groupe … c’est pour ça que rapidement je me suis collée aux animateurs, ça me prenait des responsabilités, j’étais pas venue jouer à la touriste, j’avais apporté que de vieux vêtements et je comptais bien travailler pendant un mois, non stop … J’ai vite appris que : 1. Il fait très chaud et qu’on ne travaille pas à la même vitesse qu’au Québec; et 2. que l’école qu’on devait construire se transformait plutôt en plantation de bananiers recyclés (dans des trous rond-carré à peu près comme ça de profond mais que le lendemain ça sera sûrement différent parce que Pedro et Ricardo ne travaille pas de la même façon ni avec la même pelle!! ) Je vous jure que ça forge le lâchez prise ce genre de situation, surtout avec 32 québécois ! Donc, c’est avec mon look de Guilligan assumé que j’ai honoré mes bananiers et que le surnom de « Karina Banana » m’a collé à la peau tout mon Cégep. Ça et ma réputation d’être capable de boire du Flore de Cana au bouchon! Mais c’est impertinent pour le sujet de ce soir. Bref, une belle expérience pour l’été de mes 17 ans ! C’était donc intuitif mon affaire pas rationnel du tout. Surpris ?

Le show qui a tout déclenché le processus de médiation culturelle dans ma vie ;) (4 juillet 2006 - Bobo Dioulasso- Burkina Faso)

Le show qui a tout déclenché le processus de médiation culturelle dans ma vie 😉
(4 juillet 2006 – Bobo Dioulasso- Burkina Faso)

J’ai récidivé en 2006, au Burkina Faso, un projet avec Jeunesse du Monde cette fois. Je me rappelle d’avoir cliqué sur «Envoyé» et qu’au fond de moi je savais que j’allais partir 8 mois plus tard … en mai aussi! Ce fut ma foi une révélation. Je suis atterrie en sol burkinabé et j’avais l’impression d’y avoir toujours vécue. Je me sentais malgré tout vraiment chez-moi. J’ai collaboré avec le groupe de Cirque du Monde-Ouaga et ce fut le début d’une grande aventure dans toutes les sphères de ma vie. Je dis souvent que le Burkina m’a redonné le goût de danser. Je l’avais perdu au fil du temps. Ce que je retiens, c’est les rencontres, les gens, les enfants, les fous rires, la poussière rouge, la musique, la danse, la chaleur, la poussière encore et ma moto. J’y suis retournée à plusieurs reprises. Mais en 2007, ce fut pour un PSIJ, une première expérience de travail à l’étranger, 6 mois à me plonger plus profondément dans les différences, dans la réalité qui n’est pas la mienne et que j’ai apprivoisé doucement. Sur une période de 3 ans, j’ai été plus au Burkina physiquement qu’au Québec. J’ai donné de mon temps, mais j’ai appris énormément sur moi, sur ma capacité d’adaptation, mon sens des responsabilités, mon besoin de contribuer pour faire une différence et mon désir de vivre ailleurs, de rencontrer des gens et évoluer en tant qu’humain. C’était intuitif… un point c’est tout !

Le temps file, les années passent, le «travail» a pris pas mal toute la place dans mon horloge de vie mais je ne le regrette pas du tout. J’aimais ce que je faisais et je n’ai jamais eu l’impression de travailler. J’étais sur mon X. Mais on dit : «Chasser le naturel et il revient au galop.» En 2001, j’ai senti un grand vide suite à ma séparation. J’ai contribué un peu, de loin, avec l’énergie que j’avais pour de petites séances de bénévolat ici et là, mais rien de majeur. J’ai ensuite collaboré à l’ouverture d’un café famille où j’ai utilisé tout mon réseau et mes contacts, c’était facile pour moi et pas vraiment hors zone de confort. Mais en 2018, c’est Mission 100 tonnes qui a frappé mon attention. Jimmy Vigneux lançait ça et il faisait une corvée de 24 hrs, le 7 juin et je lui ai dit : «Je vais y aller pour t’aider » Honnêtement, j’y allait parce que ce gars là m’inspire et que j’avais collaboré un peu avant, dans le passer, à ses projets de fou. J’ai donc été ramasser des déchets pendant 8 heures avec une amie… et j’ai pogné de quoi! Pour ne pas dire que je suis devenue obsédée du déchet, sensibilisée d’un coup. Paf! Il ne m’en fallait pas moins pour que je me dise que ma mission était ici pour les prochains mois du moins. Je revoyais, dans ma tête, mon grand-père qui se penchait tous les jours pour ramasser tous les déchets de la rue et de sa devanture. C’était tout naturel comme geste et humble à la fois.

Bref, je ne me suis pas posée 56 questions, je me suis penchée et j’ai ramassé des déchets sans arrêt ou presque … et c’est ce que je vais faire de mon été 2019, ramasser des déchets! Pourquoi? Parce que je me sens concernée, parce que contribuer a toujours fait parti de mes valeurs, parce que ça me nourri de faire ma part, c’est comme une méditation active et que ça conscientise les autres humains qui m’entourent. Assurément, je n’aurai pas à lâcher prise sur la nature de la tâche cette fois, il y aura des déchets partout où on ira. Je vais par contre lâchez prise sur l’angoisse que ça provoque, sur tout ce dont je n’ai pas le contrôle et sur le fait que tous les êtres humains de cette planète n’ont pas conscience de tous les effets que ça provoque de jeter un sac de plastique dans la nature. Ça ne prend pas d’étude particulière pour vouloir changer le monde, du moins vouloir se changer soi-même, se transformer et devenir de meilleurs humains. Chaque petit pas compte, chaque petit geste aussi.

On s’y retrouve cet été ? Tout est ici sur la page Facebook : Tournée québécoise Mission 100 tonnes